« Approche et transformation constructive des conflits : sortir du sentiment d’impuissance et rester garant de ses valeurs » – Formation Avocats – MARL  6 et 27 mars 2020 à Paris

Me Gwenaëlle BOUILLEAvocate Formatrice consultante, et Mr Hervé OTT, Formateur consultant et Médiateur

Le conflit est le plus souvent ce qui conduit vos clients à pousser la porte de votre Cabinet. Ils ont besoin de votre accompagnement pour traverser les conflits qu’ils vivent et travailler en toute confidentialité à l’élaboration d’une « solution ».

En tant que garant professionnel, votre rôle est fondamental dans la définition et le respect du cadre, tant dans la relation client, que dans la mise en place d’une négociation, cela afin d’instaurer un climat de confiance.

Or, investir votre posture de garant implique la reconnaissance de vos propres besoins et valeurs (garant pour soi) afin de renforcer votre savoir être et votre savoir-faire, et ainsi de sortir ou éviter des situations de blocage pouvant engendrer un sentiment d’impuissance.

Cette formation vous permettra, à travers des pédagogies actives, de rendre vos modalités d’accompagnement plus efficaces et sécurisantes pour vous et vos clients. Il s’agira de : 

  • prendre conscience des différentes attitudes professionnelles et émotionnelles en jeu dans le rôle d’avocat, de l’impact des besoins et des valeurs dans la relation et de l’importance de la confiance ;
  • s’entraîner avec l’outil PISTES pour sortir de situations de blocage en posant un cadre de confiance pour habiter le rôle d’avocat-garant.

Vous trouverez ci-après quelques concepts clés pour vous permettre d’appréhender l’enrichissement de vos pratiques par l’ATCC, que vous soyez déjà expérimentés ou non.

Ce qui caractérise notre approche des conflits

Les conflits sont intrinsèques aux mouvements de la Vie : ils sont la manifestation d’un blocage dans ces mouvements de démultiplication et de créativité. Ces blocages résultent de la frustration de nos besoins psychologiques (amour, reconnaissance, orientation, sécurité, autonomie et sens), qui se manifestent par les émotions (colère, peur, etc..).

Les conflits sont en même temps des leviers de changement, de transformation, de créativité, d’innovations relationnelles, sociales, organisationnelles, techniques et mêmes culturelles. Les transformations majeures et constructives des modes de vie de l’humanité sont le résultat d’adaptations opérationnelles provoquées par des blocages qu’il a fallu transcender. La première innovation consiste en un changement de regard sur la dynamique interne des conflits.

Deux formes de conflits sont principalement identifiables :

– les conflits d’objet, d’intérêts qui peuvent se transformer de manière constructive et ainsi donner lieu à un accord négocié, équilibré, durable et accepté de tous les protagonistes.

– les conflits de personnes ou d’identités qui surgissent lorsque la confiance a disparu et se traduisent par des accusations, dévalorisations et agressions verbales pouvant dégénérer en agressions physiques, depuis la rixe jusqu’à la guerre.

Toute transformation des conflits nécessite au préalable l’instauration ou la restauration d’un climat de confiance entre les protagonistes.

L’instauration d’un climat de confiance par le garant professionnel

La confiance (du latin confides, confidere : cum, « avec » et fidere « se fier ») « ne tombe pas du ciel », elle se construit et s’entretient.

La confiance qu’on croie souvent « obligée » (Fais-moi confiance !), « aveugle » (Je vous fais confiance !), ou « coupable » (Je vois que tu ne me fais pas confiance !) est en réalité un processus à construire à partir de règles transparentes et communément convenues, dans le but de renforcer la sûreté et sécurité de chacun.e, dans un rapport entre adultes, non parental-infantile.  

La confiance nécessite l’accord explicite des deux parties sur des modes de communication et de comportement caractérisés par le respect mutuel. Ce contrat discuté et signé par les parties est à l’initiative de la personne qui agit en tant que « garant professionnel ». Tiers non partisan et empathique[1], il doit prévoir les clauses d’expression respectueuse et respectée des différends, les étapes et moyens mis en œuvre, comme les conditions financières à l’exécution du contrat.

Et c’est par l’accueil et le respect des émotions que peut s’enraciner un climat de confiance.

L’accueil et le respect des émotions sont au cœur de la dynamique de la confiance

En ayant une vision trop négative, par notre éducation très cartésienne, nous avons tendance à refouler, vouloir maîtriser les émotions parce qu’elles peuvent provoquer des écarts de langage ou de comportement préjudiciables à notre réputation et notre sécurité.

De fait, le processus même de refoulement, de maîtrise, transforme inconsciemment l’énergie des émotions en projections « contre » : dévalorisations, accusations, comparaisons, conseils.

Pourtant en tant que source d’énergie de protection (colère, peur, dégoût, honte, tristesse) les émotions sont en fait les gardiennes de la satisfaction de nos besoins et valeurs : si la « colère contre » produit des injures, des accusations ou des coups dirigés vers la personne qui, même involontairement a réveillé une de nos blessures, la « colère pour » sert à protester, à défendre sa dignité, sa liberté, la justice etc par la résistance etc…

Le refoulement des émotions peut par ailleurs conduire à la perception d’un sentiment d’impuissance ou de toute-puissance (violence) dans les conflits, qui caractérisent respectivement les rôles de victime et d’agresseur.

Les sentiments d’impuissance ou de toute-puissance sont en fait des cocktails de deux ou trois émotions qui se neutralisent et qu’il importe de dés-imbriquer : la peur d’être jugé.e peut conduire à refouler la colère, la honte ou la tristesse, d’où l’impossibilité d’agir ; la peur de la tristesse, de la honte, peut provoquer de la colère d’où une sur-réaction agressive (rôle d’agresseur) avec une intention d’attaquer pour se protéger etc.  Dans ce dernier cas, une réaction agressive est la trace d’un rôle de victime nié : il faut revenir à la blessure de victime.

Il est donc indispensable d’accueillir avec bienveillance pour soi, pour les autres, chacune des émotions qui peuvent en masquer une autre. Une fois ce travail fait, il est alors possible d’en utiliser l’énergie depuis son rôle de victime, pour l’orienter avec une intention de bienveillance, de coopération à l’égard de l’autre ou de protection pour soi. Ce mouvement est indispensable pour retrouver un rôle de garant, garant de soi/ de ses valeurs ou garant professionnel (garant de la loi / des règles, des orientations, du cadre), qui est en principe dénué d’émotion, sinon limité à de l’empathie.

Perspectives

Investir la posture d’avocat-garant requiert à la fois des compétences techniques et aussi des compétences relationnelles : ces dernières ont été reléguées à l’arrière-plan par la réduction des conflits à une dimension purement technique, à une gestion de rapports de forces et finalement à la restauration paradoxale et involontaire de la loi du plus fort.

Il s’agit donc aujourd’hui de renforcer ses compétences relationnelles par le développement de son intelligence émotionnelle : accueillir avec bienveillance ses propres émotions comme celles de ses  clients, partenaires, collègues, pour contractualiser des rapports de confiance qui vont permettre la satisfaction des besoins individuels en cohérence avec les valeurs qui donnent du sens à notre humanité.

« Approche et transformation constructive des conflits : sortir du sentiment d’impuissance et rester garants de ses valeurs » – Mode alternatif de règlements des conflits – 6 mars et 27 mars 2020 – 66 rue Jean-Jacques Rousseau 75001 PARIS

Renseignements et inscriptions : 

g.bouille@arabesque-avocat.com – 01 75 77 19 42

ou sur le site de l’Ecole des Formations des avocats (ici)


[1] Ce terme traduit la capacité à être sensible à la souffrance ou au bonheur des autres sans pour autant les partager. Cette capacité de sensibilité est importante car elle évite le jugement (c’est bien, c’est mal, c’est juste…), la comparaison (contrairement à …), le conseil (tu devrais…) ou la dévalorisation (c’est complètement faux…), toutes formes de résistance – par la rationalisation – à l’impact des émotions des autres sur soi.